Guides pratiques

Les guides pratiques proposent un focus sur un sujet précis pour offrir une explication ciblée ou des conseils à visée pratique.
 

Le dernier guide pratique

GUIDE PRATIQUE DE JUILLET-AOUT 2024 - La neuropsychologie au service de la prise en charge des addictions comportementales

Aujourd’hui, de plus en plus de centres d’addictologie ont fait le choix de la pluridisciplinarité et offrent un panel complet de spécialistes afin de pouvoir traiter tous les aspects des addictions comportementales : psychiatre, psychologue et neuropsychologue, assistant(e) social(e), psychomotricien, etc. Les prises en charge globales offrent en effet davantage de possibilités aux patients de réussir à prendre en charge leur addiction. Faisons le point aujourd’hui sur l’expertise que peut apporter un neuropsychologue dans le traitement des addictions comportementales.

Qu’est-ce que la neuropsychologie ?

Un neuropsychologue est un psychologue qui a consacré les deux dernières années de sa formation universitaire à une spécialisation en neuropsychologie. Au croisement de la neurologie et de la psychologie, la neuropsychologie est une science qui s’intéresse aux liens entre le cerveau et le fonctionnement humain (comportements, cognitions et émotions). Le neuropsychologue évalue et prend en charge notamment ce que l’on appelle les fonctions cognitives, qui sont l’ensemble des processus cérébraux par lesquels l’être humain reçoit les informations de son environnement, les traite, les manipule, les communique et s’en sert pour agir et interagir. Elles incluent par exemple la capacité à mémoriser, à être attentif, à planifier, à raisonner, le langage, les praxies (mouvements), la flexibilité mentale (capacité à switcher d’une tâche à une autre) ou encore le contrôle inhibiteur (faculté à réprimer une action spontanée ou à interrompre une action commencée).
Des études ont démontré que certaines de ces fonctions peuvent être fragilisées en cas d’addictions comportementales (mémoire, attention, fonctions exécutives) et notamment le contrôle inhibiteur. Les fragilités neuropsychologiques peuvent réduire le bénéfice de l’accompagnement et du soin : par exemple, l’adoption de nouvelles stratégies apportées par le soin peut être difficile lorsqu’on manque de flexibilité, et un défaut de contrôle inhibiteur peut empêcher à la personne de résister aux envies irrépressibles de réaliser le comportement addictif malgré un souhait d’abstinence. Toutes ces difficultés peuvent participer au maintien du comportement addictif et constituer un véritable frein à la motivation et au changement, autant pour les patients eux-mêmes que pour les soignants, qui peuvent être mis en difficulté par l’incapacité des patients d’adhérer aux soins.

L’évaluation neuropsychologique

Le psychologue spécialisé en neuropsychologie ne pose pas de diagnostic mais décrit le fonctionnement cognitif des personnes en évaluant leurs capacités à retenir (mémoire), se concentrer (attention), s'organiser, réfléchir, comprendre l'autre, traiter l'information, être flexible... Il ne pose pas de diagnostic, mais propose une investigation du fonctionnement cognitif et repère les fragilités à ce niveau, permettant de compléter l’évaluation globale réalisée par le médecin qui pourra poser un diagnostic et proposer une prise en charge globale adaptée à chaque cas.
En général, l’évaluation neuropsychologique s’effectue en plusieurs étapes :
1.« l’anamnèse » : cet entretien préliminaire permet de recueillir des informations (contexte de la demande, situation familiale, parcours scolaire/professionnel, parcours dans la pathologie et degré de conscience de ses propres troubles, répercussions sur la vie quotidienne, antécédents médicaux, présence d’autres troubles).
2.« la passation du bilan neuropsychologique » : le neuropsychologue fait passer des tests cognitifs au patient. Les tests proposés sont déterminés en fonction de la plainte du patient, afin d’explorer les différentes fonctions cognitives possiblement concernées. Les résultats des tests sont calculés a posteriori par le neuropsychologue pour aboutir à des scores, en tenant compte notamment de l’âge, du sexe et du niveau d’étude du patient. De plus, tout au long de la passation de ces tests, le neuropsychologue observe la manière dont le patient se comporte, et ces informations qualitatives sont également prises en compte lors de l’interprétation des résultats.
3.« la restitution » : c’est le moment où le neuropsychologue revoit le patient pour lui présenter l’interprétation des résultats des tests et lui remettre un compte-rendu, qui sera également transmis au reste de l’équipe qui accompagne la personne dans son projet de soin, avec une recommandation de prise en charge.

La remédiation cognitive

La remédiation cognitive est une forme de prise en charge réalisée par le neuropsychologue, et ayant pour objectif de diminuer l’impact des difficultés cognitives sur la vie quotidienne et notamment sur la pathologie du patient. Dans le cadre des addictions, elle vise à la fois :

  • à faire découvrir aux patients la façon dont ils fonctionnent en favorisant l’auto-observation et l’auto-analyse des schémas de fonctionnement, et à faire prendre conscience aux patients de l’impact des fonctions altérées sur les conduites addictives ou à l’inverse de l’impact des conduites addictives sur les fragilités cognitives,
  • à entrainer, lorsque c’est possible, les fonctions défaillantes de façon intensive, et/ou à contourner les difficultés, en réfléchissant à des stratégies de compensation s’appuyant sur les ressources cognitives du patient ; on parle ainsi de « kiné » du cerveau,
  • à permettre de transférer les compétences et les stratégies acquises lors de la remédiation cognitive directement dans le quotidien (les exercices sont progressivement adaptés pour correspondre aux situations réelles de la vie de tous les jours).

Souvent, la remédiation cognitive s’appuie sur des exercices ludiques, réalisés sur ordinateur ou sur papier, qui font travailler la fonction cognitive ciblée. Les séances avec le neuropsychologue sont souvent rapprochées dans le temps (souvent 2 séances par semaine), réalisées sur une période de plusieurs semaines, et accompagnées d’exercices à réaliser en autonomie par le patient afin de favoriser le transfert en vie quotidienne.
La répétition des séances, la progressivité de la difficulté et l’implication active du patient dans la remédiation sont les clés de la réussite de ce type de thérapie. La réussite de la remédiation cognitive permet d’appuyer la mise en place du changement, et de favoriser également l’efficacité des autres thérapies et traitements proposés.

Et en cas d’échec ?

L’échec de la prise en charge neuropsychologique et /ou de la réduction de la pratique addictive ne doit pas être perçu comme définitif. Les prises en charge peuvent être adaptées au cas par cas par le psychiatre lorsque le patient ne progresse pas dans son projet de soin, afin d’identifier les mesures thérapeutiques qui seront les plus efficaces.
Une évaluation neuropsychologique complémentaire peut ainsi être proposée, afin d’identifier la présence d’un éventuel trouble neurodéveloppemental (TND) (c’est-à-dire lié à une perturbation du développement cérébral pendant l’enfance, qui conduit à des difficultés cognitives, comportementales et/ou affectives plus ou moins grandes à tous les âges de la vie). Il s’agit par exemple de repérer un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou un trouble du spectre de l’autisme (TSA) qui n’auraient pas été identifiés jusque-là, ces TND étant régulièrement associés aux troubles addictifs. Les TND pourraient avoir des conséquences à la fois sur la capacité du patient à réduire sa pratique addictive (fort besoin de routine pour un TSA par exemple), mais aussi à répondre favorablement à la prise en charge (difficulté à respecter régulièrement le traitement proposé pour un TDAH par exemple). La présence d’un TND doit donc être prise en compte dans la stratégie thérapeutique proposée au patient.

Pour en savoir plus :

https://www.raptorneuropsy.com/neuropsychologie

Relire nos précédents guides pratiques

Septembre 2023 - Exposition des jeunes aux écrans : risques associés et conseils pour limiter leur impact
La rentrée scolaire de septembre est l’occasion idéale pour instaurer de nouvelles habitudes quotidiennes en cohérence avec la santé des enfants. L’usage des écrans par les jeunes est une question récurrente, que l’exposition soit volontaire ou non. Quels sont les risques d’une exposition excessive des enfants aux écrans ? À quel moment peut-on parler de surexposition ? En tant que parents, que peut-on faire au quotidien pour prévenir les risques associés et préserver la santé des enfants et adolescents ?

» Consulter le guide

Octobre 2023 - L’addiction au sport, ça existe ?
Elle peut paraître étrange et pourtant, l’addiction au sport existe. Elle est couramment appelée bigorexie. La pratique excessive du sport peut avoir des conséquences aussi néfastes et difficiles à vivre que toute autre addiction comportementale.

» Consulter le guide

Novembre 2023 - Mon enfant/adolescent perd du poids, est-il anorexique ? Des clés pour repérer les signes de ce trouble du comportement alimentaire
Votre enfant/adolescent a de plus en plus de mal à prendre ses repas et il perd du poids ? Il attache une importance démesurée à son apparence ou il a une mauvaise image de lui-même ? Il souffre peut-être d’anorexie mentale. En tant que parents, il est parfois difficile de repérer un trouble du comportement alimentaire. Voici quelques informations pour vous aider à repérer certains signes évocateurs d’anorexie mentale chez votre enfant.

» Consulter le guide

Décembre 2023 - Cryptomonnaies et speed trading, le mirage de l’argent facile
Bitcoin, cryptomonnaie, speed trading, crypto-actif ou encore blockchain sont encore des concepts un peu vagues pour le grand public, mais ils font pourtant référence à des pratiques qui peuvent donner lieu à des comportements excessifs ou addictifs.
Nous vous expliquons ici ce que sont les cryptomonnaies et le speed trading, et en quoi leurs mécanismes peuvent avoir des similitudes avec les troubles addictifs comme le jeu d’argent pathologique.

» Consulter le guide

Janvier 2024 - Entamer une démarche de soins : quelques clés pour vous aider à franchir le pas
Les fêtes de fin d’année peuvent être sources de tensions familiales, notamment lorsqu’un des membres de la famille souffre d’une addiction comportementale. En effet, les troubles addictifs peuvent avoir des conséquences importantes sur la vie affective et familiale. Malgré les difficultés qu’ils peuvent provoquer, il est possible de se rétablir de ces troubles. De nombreuses structures de soin sont répertoriées en France et peuvent vous venir en aide si, en ce début d’année, votre résolution est de vous faire aider.

» Consulter le guide

Février 2024 - Mon enfant est accro à son téléphone portable et aux jeux vidéo, comment puis-je limiter son temps d’exposition aux écrans ?
Votre tout-petit râle déjà quand vous lui retirez la tablette ? Votre enfant passe tout son temps sur son portable ? C’est la guerre pour faire décrocher votre ado de sa partie de jeu vidéo en ligne au moment des repas ? Vous vous inquiétez par rapport à la quantité de lumière bleue émise par tous ces écrans, et leurs possibles conséquences sur son sommeil et ses résultats scolaires ? Nous vous donnons quelques clés pour mieux comprendre la dépendance aux écrans et comment la limiter.

» Consulter le guide

Mars 2024 - Le risque suicidaire chez les patients ayant une addiction sexuelle
Si certaines addictions ne sont aujourd’hui plus vraiment taboues, d’autres, comme l’addiction sexuelle, sont encore peu évoquées en public ou dans les médias, et restent mal perçues. Pourtant, l’addiction sexuelle est bel et bien une pathologie, au même titre que les autres addictions comportementales, et celle-ci peut plonger celui qui en est victime dans une grande solitude, entremêlée de sentiments de culpabilité ou de honte, voire d’états dépressifs qui peuvent parfois conduire à un risque suicidaire.

» Consulter le guide

Avril 2024 - Le rôle de la pair-aidance dans la prise en charge des addictions
Quelle que soit l’addiction, le patient concerné par un trouble addictif pourra souffrir d’isolement, lié notamment à la honte et la culpabilité ressentie quotidiennement. Or, rester seul(e) aggrave inévitablement la qualité de vie des patients. La meilleure alternative est de pouvoir échanger avec ses pairs, terme faisant référence aux personnes ayant eu un vécu similaire. Bien que la pair-aidance (entraide entre pairs) ne soit pas une nouveauté dans le champ de la santé et de l’addictologie, il s'agit encore toutefois d’une approche innovante dans la prise en charge, notamment quand le travail de pair-aidant se professionnalise.
Retour sur sa définition, ses bienfaits potentiels et les lieux qui en proposent.

» Consulter le guide

Mai 2024 - TDAH/TSA : les liens entre ces différents troubles et l’addiction aux jeux vidéo
L'addiction au jeu vidéo, également connue sous le nom de trouble du jeu vidéo, est un trouble psychologique caractérisé par un besoin compulsif et obsessionnel de jouer à des jeux vidéo, malgré les conséquences négatives que cela peut entraîner dans la vie quotidienne de la personne concernée. Les personnes souffrant de cette addiction peuvent avoir du mal à contrôler leur temps de jeu, négliger leurs responsabilités professionnelles, scolaires ou familiales, et même mettre en péril leur santé physique et mentale. Il semblerait que les personnes ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou ayant un trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) soient particulièrement concernés par cette addiction aux jeux vidéo. Comment l’expliquer ? Et comment aider ces personnes si vous êtes un proche ?

» Consulter le guide

Juin 2023 - Paris sportifs : savoir repérer les mécanismes poussant à l’addiction pour mieux s’en prémunir
L'addiction aux jeux de hasard et d'argent est une forme d’addiction comportementale caractérisée par un besoin compulsif de jouer, malgré des conséquences négatives sur la vie des joueurs. Les paris sportifs, comme tous les jeux de hasard et d’argent, peuvent être une forme de divertissement pour certains, mais peuvent également conduire à une addiction, entrainant de nombreux dommages, particulièrement en ce qui concerne la santé mentale, financière et sociale des parieurs (perte d’argent et endettement, stress, anxiété, dépression, conflits relationnels, isolement social et impact professionnel). Avec un été chargé en compétitions sportives (Euro de football, Jeux Olympiques), apprenez dès-à-présent à repérer les mécanismes des paris sportifs potentiellement addictifs afin de pouvoir vous en prémunir.

» Consulter le guide