L'article du mois

L'article du mois, c'est le résumé d'une étude sur les addictions comportementales, décryptée pour vous.
Chaque mois, une sélection est faite parmis les articles scientifiques publiés partout dans le monde.

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ARTICLE DE NOVEMBRE 2025 - Addiction à la pornographie : un symptôme caché de la dépression masculine ?

Retrouvez ci-dessous la synthèse de l'article du mois.

Pourquoi avoir fait cette recherche ?

La dépression est souvent associée à des sentiments de tristesse, de vide ou de perte de plaisir. Cependant, chez les hommes, elle s’exprime parfois différemment, à travers des symptômes externalisés : colère, irritabilité, abus d’alcool, prise de risques ou comportements compulsifs. Ces manifestations correspondent aux normes de virilité dominantes (force, contrôle, performance, activité sexuelle élevée), rendant parfois la dépression masculine plus difficile à reconnaître. Une équipe de recherche a voulu savoir si l’usage problématique de la pornographie (PPU) pouvait aussi fonctionner comme un symptôme externalisé de la dépression, c’est-à-dire une manière de masquer la souffrance émotionnelle tout en restant en accord avec les idéaux masculins dominants.

Quel est le but de cette recherche ?

Tester l’hypothèse selon laquelle les hommes qui présentent de symptômes dépressifs et qui adhèrent aux idéologies dominantes de la masculinité sont plus susceptibles de manifester des comportements externalisés et un usage problématique de la pornographie.

Comment les chercheurs ont-ils fait pour répondre à cet objectif ?

Les chercheurs ont évalué 265 hommes cisgenres allemands, suisses et autrichiens âgés de 25 à 50 ans. Les mesures portaient sur l’évaluation des symptômes dépressifs, les signes externalisés de dépression, la conformité aux normes de masculinité et l’usage problématique de la pornographie. Des modèles statistiques de médiation ont été menées (analyse de chemin) pour tester si la masculinité idéologique médiait le lien entre dépression et comportements externalisés/PPU.

Quels sont les principaux résultats à retenir ?

Tout d’abord les résultats montraient que plus la dépression est marquée, plus les hommes adhéraient aux normes de masculinité dominantes. Cette adhésion était liée à la fois à davantage de symptômes externalisés et à un usage plus problématique de la pornographie. De plus, les deux trajectoires (vers comportements externalisés ou vers PPU) étaient d’intensité similaire, suggérant que la pornographie pouvait remplir une fonction psychologique comparable à d’autres conduites d’évitement ou de compensation. Par ailleurs, la corrélation directe entre symptômes externalisés et PPU n’était pas significative, ce qui signifiait qu’elles étaient deux expressions parallèles d’une même dynamique dépressive masculine, façonnée par les normes de virilité.
Il existe quelques limites dans cette étude, il s’agit d’une étude transversale qui ne permet pas de conclure à une causalité. De plus, l’échantillon des participants était restreint, avec un niveau scolaire élevé et majoritairement hétérosexuels, ce qui limite la généralisation des résultats. Enfin, les effets observés entre les variables étaient modérés, d’autres facteurs tels que la culpabilité, la honte, l’impulsivité, le contexte religieux ou culturel peuvent intervenir dans l’usage problématique de la pornographie.

Les points clés à retenir

L’usage problématique de la pornographie serait peut-être une façon d’exprimer une dépression chez certains hommes et ce comportement s’inscrirait dans des logiques de virilité. Reconnaître cette expression atypique de la dépression masculine pourrait être essentiel pour améliorer le dépistage du trouble dépressif chez les hommes cisgenres. L’usage de pornographie n’est pas pathologique en soi, mais son usage compulsif ou culpabilisé peut signaler une souffrance psychique, la pornographie deviendrait alors un moyen d’évitement de la dépression ou une stratégie de coping inadaptée.

Plus d’informations sur cette recherche :

Walther, A., Ehlert, U., & Komlenac, N.
Problematic pornography use as an externalizing depression symptom in cisgender men: A cross-sectional questionnaire study.  Behavioral Addictions, 14(3), 1444–1455 (2025)

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La prolifération des plateformes de streaming numérique a fait du visionnage de jeux vidéo une forme de divertissement très accessible. Sur des plateformes comme Twitch, initialement dominées par des diffusions de jeux vidéo, les jeux de hasard et d’argent (JHA) ont émergé comme l’une des catégories les plus regardées, surpassant même des jeux vidéo très populaires. Bien que Twitch ait mis en place des restrictions sur les diffusions liées aux JHA, celles-ci restent omniprésentes. De nouvelles plateformes de streaming, comme Kick, ont réussi à attirer un public adepte des JHA en évitant de telles restrictions.

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Octobre 2024 -TDAH et addictions : fardeau ou levier thérapeutique ?
Plus de 20% des patients suivis pour un trouble addictif (trouble de l’usage de substances ou addictions comportementales) seraient concernés par le TDAH (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité). La présence d’un TDAH est associée à un trouble de l’usage de substances plus précoce et plus sévère.
L’impulsivité propre au TDAH constitue un facteur de risque majeur de développer des troubles addictifs, et spécifiquement à la période de l’adolescence où l’impulsivité est souvent exacerbée (favorisant des comportements à risque) et peut s’associer à des désordres émotionnels et des difficultés d’individuation. Le comportement addictif peut constituer une stratégie de gestion des émotions négatives (dysrégulation émotionnelle propre au TDAH) et peut faire office « d’automédication » (exemples : canalisation de l’hyperactivité dans le cadre de la consommation de substances, amélioration des troubles de l’attention grâce aux stimulations proposées par les jeux vidéo).
Quelles sont les conduites à tenir en cas de présence simultanée de TDAH et d’addiction(s) ? Est-ce que cette complexité peut finalement constituer un levier thérapeutique ?

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Septembre 2024 - Anomalies des réseaux cérébraux dans le trouble du jeu de hasard et d’argent : une étude basée sur l’imagerie cérébrale multimodale
Bien que le trouble du jeu de hasard et d’argent soit un problème majeur dans le monde et que sa prévalence soit en augmentation, il n’existe pas encore de traitement pharmacologique ou en neuromodulation validé pour soigner cette addiction comportementale, notamment du fait de connaissances insuffisantes sur les réseaux cérébraux altérés. Cette étude visait ainsi à explorer les anomalies de certains réseaux cérébraux connus dans les troubles de l’usage de substances chez des patients souffrant de trouble du jeu de hasard et d’argent.

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Juillet-Août 2024 - Le type de lien entretenu entre le joueur et son avatar peut-il être prédictif d'une addiction aux jeux vidéo?
Avec près de 5 milliards de joueurs par jour, et la présence d’éléments immersifs rendus possibles par l’essor des avatars et des mondes virtuels, le jeu vidéo en ligne connait un engouement majeur, sans cesse renouvelé. La connexion qu’un joueur peut entretenir avec son avatar peut apporter des effets positifs comme négatifs, et cette étude explore le risque d’usage problématique des jeux vidéo en ligne en fonction de ce lien entre le joueur et son avatar.

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Juin 2024 - Prévalence et phénotypes cliniques de patients adultes ayant un trouble du déficit de l’attention (avec ou sans hyperactivité) associé à une addiction comportementale
Alors que le lien entre le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et le trouble de l’usage des substances a fait l’objet de nombreuses études scientifiques, une équipe de chercheurs italiens a cherché à établir la prévalence de patients ayant un TDAH associé à une addiction comportementale.

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Mai 2024 - Définitions et évaluations du rétablissement du trouble lié aux jeux de hasard et d’argent –Revue de littérature
Dans le domaine des troubles liés aux jeux de hasard et d’argent (JHA), le concept de rétablissement (« recovery ») a gagné en importance ces dernières décennies. Cependant, un consensus quant à sa définition fait défaut. Une revue de littérature a donc été menée pour dresser un état des lieux de la recherche sur ce sujet et en identifier les lacunes.

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Avril 2024 - Une thérapie assistée par les psychédéliques pour les personnes souffrant de troubles liés aux jeux de hasard et d’argent ?
Dans les années 50-60, la recherche sur les psychédéliques était très développée, mais elle fut rapidement arrêtée pour des raisons politiques et juridiques. Depuis les années 90, les recherches ont repris, et, ces 20dernières années, de plus belle encore, grâce aux découvertes dans le domaine des neurosciences mais aussi grâce à des évolutions d’ordre politique et sociétal.
Des chercheurs ont voulu savoir si la thérapie assistée par les psychédéliques dits classiques (LSD, psilocybine et DMT), qui ont prouvé leur efficacité dans le traitement de troubles mentaux (y compris les troubles addictifs) ne répondant pas bien aux traitements habituels, pourrait être envisagée comme traitement à destination des personnes souffrant de troubles addictifs liés aux jeux de hasard et d’argent.

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