L'article du mois

L'article du mois, c'est le résumé d'une étude sur les addictions comportementales, décryptée pour vous.
Chaque mois, une sélection est faite parmis les articles scientifiques publiés partout dans le monde.

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ARTICLE DE SEPTEMBRE 2025 - Addiction au smartphone : l’intolérance à l’incertitude pourrait pousser les jeunes adultes à utiliser leur smartphone de façon excessive

Retrouvez ci-dessous la synthèse de l'article du mois.

Pourquoi avoir fait cette recherche ?

L’usage problématique du smartphone (UPS) touche de plus en plus les jeunes adultes. Or cette période de vie est marquée par beaucoup d’incertitudes (avenir, études, travail, relations). Les auteurs se sont intéressés à l’intolérance à l’incertitude, c’est-à-dire le fait de mal supporter de ne pas savoir. Ils ont voulu comprendre si ce trait pouvait expliquer une partie de l’usage problématique du smartphone. Ils se sont aussi intéressés au rôle de certaines croyances négatives (ex : mes inquiétudes sont incontrôlables et dangereuses), la dépression et à l’anxiété comme facteurs intermédiaires.
Cette hypothèse s’appuie sur plusieurs constats :

  • L’intolérance à l’incertitude est un facteur de vulnérabilité transversal dans de nombreux troubles (anxiété, dépression, trouble obsessionnel compulsif, addictions) ;
  • Le smartphone est souvent utilisé comme outil de régulation émotionnelle ;
  • Les croyances dysfonctionnelles entretiennent des ruminations et favorisent des conduites compulsives ;

Quel est le but de cette recherche ?

Tester si l’intolérance à l’incertitude est liée à l’UPS chez les jeunes adultes et comprendre par quels mécanismes (métacognitif et affectif) cette relation s’explique.

Comment les chercheurs ont-ils fait pour répondre à cet objectif ?

Une enquête en ligne anonyme portant sur 559 étudiant.e.s de nationalité chinoise, âgés de 18 à 25 ans (âge moyen : 21 ans, 65% de femmes) a été réalisée en 2022.
Les questionnaires mesuraient l’intolérance à l’incertitude (IUS-12), l’UPS (Smartphone Addiction Scale), l’anxiété et dépression (DASS-21) et les croyances métacognitives (MCQ-30). Sur le plan statistique, des analyses de corrélations puis de chemin ont été appliquées.

Quels sont les principaux résultats à retenir ?

L’intolérance à l’incertitude est liée à l’UPS, plus on tolère mal l’incertitude, plus on a de risques d’avoir un usage problématique du smartphone. Deux croyances métacognitives jouent un rôle clé : penser que ses inquiétudes sont incontrôlables et avoir peu confiance en ses capacités cognitives (mémoire, attention). Le chemin principal passe par l’anxiété : l’intolérance à l’incertitude nourrit ces croyances, qui augmentent l’anxiété, ce qui favorise ensuite l’usage problématique du smartphone. La dépression, en revanche, n’explique pas ce lien de manière indépendante.

Il existe des limites à ce travail, tout d’abord c’est une étude transversale, on ne peut donc pas dire qu’il y a un lien de causalité. De plus, il s’agit d’un échantillon d’étudiant.e.s chinois.e.s , ce qui limite la généralisation à tous les jeunes adultes. En outre, il existe un biais inhérent à l’utilisation d’auto-questionnaires. Enfin, seules les métacognitions générales ont été testées dans cette recherche.

Les points clés à retenir

Le lien entre l’intolérance à l’incertitude et l’usage problématique du smartphone vient confirmer les travaux d’autres recherches. Ce lien est médié surtout par l’anxiété, penser que ses inquiétudes sont incontrôlables et la faible confiance en ses capacités cognitives. La dépression seule ne médie pas ce lien. La thérapie métacognitive pourrait être utile pour prévenir/réduire la vulnérabilité à l’UPS chez les jeunes adultes.

Plus d’informations sur cette recherche :

Zhang M.X., Wu Y.Q., Wu A.M.S.
Metacognitive-affective pathways linking intolerance of uncertainty with problematic smartphone use in emerging adults. Addictive Behaviors (2025)

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Novembre 2024 - Regarder et désirer ? Les effets de la consommation de streams de jeux de hasard et d’argent sur les envies de jouer
La prolifération des plateformes de streaming numérique a fait du visionnage de jeux vidéo une forme de divertissement très accessible. Sur des plateformes comme Twitch, initialement dominées par des diffusions de jeux vidéo, les jeux de hasard et d’argent (JHA) ont émergé comme l’une des catégories les plus regardées, surpassant même des jeux vidéo très populaires. Bien que Twitch ait mis en place des restrictions sur les diffusions liées aux JHA, celles-ci restent omniprésentes. De nouvelles plateformes de streaming, comme Kick, ont réussi à attirer un public adepte des JHA en évitant de telles restrictions.

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Octobre 2024 -TDAH et addictions : fardeau ou levier thérapeutique ?
Plus de 20% des patients suivis pour un trouble addictif (trouble de l’usage de substances ou addictions comportementales) seraient concernés par le TDAH (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité). La présence d’un TDAH est associée à un trouble de l’usage de substances plus précoce et plus sévère.
L’impulsivité propre au TDAH constitue un facteur de risque majeur de développer des troubles addictifs, et spécifiquement à la période de l’adolescence où l’impulsivité est souvent exacerbée (favorisant des comportements à risque) et peut s’associer à des désordres émotionnels et des difficultés d’individuation. Le comportement addictif peut constituer une stratégie de gestion des émotions négatives (dysrégulation émotionnelle propre au TDAH) et peut faire office « d’automédication » (exemples : canalisation de l’hyperactivité dans le cadre de la consommation de substances, amélioration des troubles de l’attention grâce aux stimulations proposées par les jeux vidéo).
Quelles sont les conduites à tenir en cas de présence simultanée de TDAH et d’addiction(s) ? Est-ce que cette complexité peut finalement constituer un levier thérapeutique ?

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Septembre 2024 - Anomalies des réseaux cérébraux dans le trouble du jeu de hasard et d’argent : une étude basée sur l’imagerie cérébrale multimodale
Bien que le trouble du jeu de hasard et d’argent soit un problème majeur dans le monde et que sa prévalence soit en augmentation, il n’existe pas encore de traitement pharmacologique ou en neuromodulation validé pour soigner cette addiction comportementale, notamment du fait de connaissances insuffisantes sur les réseaux cérébraux altérés. Cette étude visait ainsi à explorer les anomalies de certains réseaux cérébraux connus dans les troubles de l’usage de substances chez des patients souffrant de trouble du jeu de hasard et d’argent.

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Juillet-Août 2024 - Le type de lien entretenu entre le joueur et son avatar peut-il être prédictif d'une addiction aux jeux vidéo?
Avec près de 5 milliards de joueurs par jour, et la présence d’éléments immersifs rendus possibles par l’essor des avatars et des mondes virtuels, le jeu vidéo en ligne connait un engouement majeur, sans cesse renouvelé. La connexion qu’un joueur peut entretenir avec son avatar peut apporter des effets positifs comme négatifs, et cette étude explore le risque d’usage problématique des jeux vidéo en ligne en fonction de ce lien entre le joueur et son avatar.

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Juin 2024 - Prévalence et phénotypes cliniques de patients adultes ayant un trouble du déficit de l’attention (avec ou sans hyperactivité) associé à une addiction comportementale
Alors que le lien entre le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et le trouble de l’usage des substances a fait l’objet de nombreuses études scientifiques, une équipe de chercheurs italiens a cherché à établir la prévalence de patients ayant un TDAH associé à une addiction comportementale.

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Mai 2024 - Définitions et évaluations du rétablissement du trouble lié aux jeux de hasard et d’argent –Revue de littérature
Dans le domaine des troubles liés aux jeux de hasard et d’argent (JHA), le concept de rétablissement (« recovery ») a gagné en importance ces dernières décennies. Cependant, un consensus quant à sa définition fait défaut. Une revue de littérature a donc été menée pour dresser un état des lieux de la recherche sur ce sujet et en identifier les lacunes.

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Avril 2024 - Une thérapie assistée par les psychédéliques pour les personnes souffrant de troubles liés aux jeux de hasard et d’argent ?
Dans les années 50-60, la recherche sur les psychédéliques était très développée, mais elle fut rapidement arrêtée pour des raisons politiques et juridiques. Depuis les années 90, les recherches ont repris, et, ces 20dernières années, de plus belle encore, grâce aux découvertes dans le domaine des neurosciences mais aussi grâce à des évolutions d’ordre politique et sociétal.
Des chercheurs ont voulu savoir si la thérapie assistée par les psychédéliques dits classiques (LSD, psilocybine et DMT), qui ont prouvé leur efficacité dans le traitement de troubles mentaux (y compris les troubles addictifs) ne répondant pas bien aux traitements habituels, pourrait être envisagée comme traitement à destination des personnes souffrant de troubles addictifs liés aux jeux de hasard et d’argent.

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