-
Partager cette page
L'article du mois
Chaque mois, une sélection est faite parmis les articles scientifiques publiés partout dans le monde.
Le dernier article du mois
ARTICLE D'OCTOBRE 2025 - Addiction aux jeux : les gamers deviennent-ils des parieurs ?
Retrouvez ci-dessous la synthèse de l'article du mois.
Pourquoi avoir fait cette recherche ?
Les frontières entre gaming (jeux vidéo) et gambling (jeux d’argent et de hasard) tendent à s’estomper. En effet, l’utilisation des loot boxes (ou boîtes à butin qui sont des caisses ou coffres virtuels que les joueurs peuvent obtenir en jouant ou en les achetant avec de l’argent réel ou virtuel), le recours aux microtransactions (petits montants de quelques centimes ou euros qui permettent d’accéder à du contenu exclusif ou à des avantages améliorant l’expérience de jeu), ou encore l’apparition de jeux de casino sociaux, introduisent des mécanismes proches des jeux d’argent dans les jeux vidéo. Cette évolution inquiète les chercheurs, les parents et les institutions européennes qui formulent l’hypothèse selon laquelle les enfants qui jouent beaucoup aux jeux vidéo pourraient être plus à risque de jouer aux jeux d’argent à l’âge adulte. Cette recherche visait à tester cette hypothèse avec des données de suivi longitudinal chez des jeunes irlandais.
Quel est le but de cette recherche ?
Vérifier si l’usage de jeu vidéo durant l’enfance (à 9 ans) et l’usage du jeu vidéo à l’adolescence (17 ans) et au début de l’âge adulte (20 ans) sont associés à une fréquence augmentée de jeu d’argent à 20 ans.
Comment les chercheurs ont-ils fait pour répondre à cet objectif ?
Les chercheurs ont évalué 8 568 enfants nés en 1998 issus d’une cohorte irlandaise nommée Growing Up in Ireland et qui étaient régulièrement suivis à 9, 17 et 20 ans. Les mesures portaient sur l’usage de jeu vidéo à 9, 17 et à 20 ans et sur la pratique de jeux d’argent (casino, paris, jeux en ligne) à 17 et 20 ans. Des modèles de régression logistique ont été utilisés pour déterminer si des liens existaient entre les pratiques de jeux d’argent et les activités de jeux vidéo.
Quels sont les principaux résultats à retenir ?
Tout d’abord les résultats montrent qu’il n’y aurait pas d’effet de l’usage du jeu vidéo à 9 ans sur les comportements de jeux d’argent à 20 ans. Par contre il existerait une association à l’adolescence avec un risque 1,4 fois plus élevés d’avoir une pratique de jeux d’argent en ligne à 20 ans lorsque les participants jouaient aux jeux vidéo en ligne à 17 ans. Et ce risque serait 1,7 fois plus élevés chez les usagers de jeux vidéo en ligne à 20 ans par rapport à ceux ne reportant pas jouer à cet âge. Les chercheurs ont trouvé également que les adolescents de 17 ans ayant une durée de jeux vidéo > 2 h/jour avaient un risque 2,7 plus élevés d’avoir une pratique de jeux d’argent à 17 ans. Enfin, les garçons sont nettement plus nombreux à jouer en ligne et à avoir une pratique de jeux d’argent.
Il existe quelques limites dans cette étude, ce sont des données auto-rapportées avec un risque de sous-déclaration, le jeu d’argent pathologique n’a pas été mesuré, seulement la fréquence de jeux d’argent, ce qui ne préjuge pas du caractère problématique ou non de la pratique. Enfin, les données portent sur une cohorte de personnes nées en 1998, ainsi les résultats pourraient être différents entre la génération Z (née entre 1997 et 2012) et la génération Alpha (née entre 2013 et 2025) car cette dernière a été exposée plus tôt aux loot boxes et aux microtransactions.
Les points clés à retenir
Plus d’informations sur cette recherche :
Gretta Mohan
Kid gamers to adult gamblers? An investigation of gaming in childhood and young adult gambling, International Gambling Studies, 25:2, 347-365 (2025)
Relire nos précédents articles du mois
La prolifération des plateformes de streaming numérique a fait du visionnage de jeux vidéo une forme de divertissement très accessible. Sur des plateformes comme Twitch, initialement dominées par des diffusions de jeux vidéo, les jeux de hasard et d’argent (JHA) ont émergé comme l’une des catégories les plus regardées, surpassant même des jeux vidéo très populaires. Bien que Twitch ait mis en place des restrictions sur les diffusions liées aux JHA, celles-ci restent omniprésentes. De nouvelles plateformes de streaming, comme Kick, ont réussi à attirer un public adepte des JHA en évitant de telles restrictions.
Plus de 20% des patients suivis pour un trouble addictif (trouble de l’usage de substances ou addictions comportementales) seraient concernés par le TDAH (Trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité). La présence d’un TDAH est associée à un trouble de l’usage de substances plus précoce et plus sévère.
L’impulsivité propre au TDAH constitue un facteur de risque majeur de développer des troubles addictifs, et spécifiquement à la période de l’adolescence où l’impulsivité est souvent exacerbée (favorisant des comportements à risque) et peut s’associer à des désordres émotionnels et des difficultés d’individuation. Le comportement addictif peut constituer une stratégie de gestion des émotions négatives (dysrégulation émotionnelle propre au TDAH) et peut faire office « d’automédication » (exemples : canalisation de l’hyperactivité dans le cadre de la consommation de substances, amélioration des troubles de l’attention grâce aux stimulations proposées par les jeux vidéo).
Quelles sont les conduites à tenir en cas de présence simultanée de TDAH et d’addiction(s) ? Est-ce que cette complexité peut finalement constituer un levier thérapeutique ?
Bien que le trouble du jeu de hasard et d’argent soit un problème majeur dans le monde et que sa prévalence soit en augmentation, il n’existe pas encore de traitement pharmacologique ou en neuromodulation validé pour soigner cette addiction comportementale, notamment du fait de connaissances insuffisantes sur les réseaux cérébraux altérés. Cette étude visait ainsi à explorer les anomalies de certains réseaux cérébraux connus dans les troubles de l’usage de substances chez des patients souffrant de trouble du jeu de hasard et d’argent.
Avec près de 5 milliards de joueurs par jour, et la présence d’éléments immersifs rendus possibles par l’essor des avatars et des mondes virtuels, le jeu vidéo en ligne connait un engouement majeur, sans cesse renouvelé. La connexion qu’un joueur peut entretenir avec son avatar peut apporter des effets positifs comme négatifs, et cette étude explore le risque d’usage problématique des jeux vidéo en ligne en fonction de ce lien entre le joueur et son avatar.
Alors que le lien entre le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et le trouble de l’usage des substances a fait l’objet de nombreuses études scientifiques, une équipe de chercheurs italiens a cherché à établir la prévalence de patients ayant un TDAH associé à une addiction comportementale.
Dans le domaine des troubles liés aux jeux de hasard et d’argent (JHA), le concept de rétablissement (« recovery ») a gagné en importance ces dernières décennies. Cependant, un consensus quant à sa définition fait défaut. Une revue de littérature a donc été menée pour dresser un état des lieux de la recherche sur ce sujet et en identifier les lacunes.
Dans les années 50-60, la recherche sur les psychédéliques était très développée, mais elle fut rapidement arrêtée pour des raisons politiques et juridiques. Depuis les années 90, les recherches ont repris, et, ces 20dernières années, de plus belle encore, grâce aux découvertes dans le domaine des neurosciences mais aussi grâce à des évolutions d’ordre politique et sociétal.
Des chercheurs ont voulu savoir si la thérapie assistée par les psychédéliques dits classiques (LSD, psilocybine et DMT), qui ont prouvé leur efficacité dans le traitement de troubles mentaux (y compris les troubles addictifs) ne répondant pas bien aux traitements habituels, pourrait être envisagée comme traitement à destination des personnes souffrant de troubles addictifs liés aux jeux de hasard et d’argent.
Dans la même rubrique
- Toutes nos actualités
- Actualités des addictions
- Agenda
- Les guides pratiques
- L'article du mois