L'addiction sexuelle

Définition

L’addiction sexuelle, aussi appelée dépendance sexuelle, est un véritable trouble qui consiste en une perte de contrôle de sa sexualité qui devient excessive et envahissante. L’addiction sexuelle se manifeste ainsi par une sexualité excessive, envahissante, incontrôlable dont la personne souffre et qui conduit souvent à des conséquences négatives importantes et multiples, aussi bien physiques que psychologiques (difficultés conjugales, déprime, honte, infections sexuellement transmissibles…). L'addiction sexuelle est un trouble mental qui doit être différencié des troubles des fonctions sexuelles, des perversions sexuelles ou des paraphilies.

Souvent tabou, l’addiction sexuelle touche pourtant entre 3 et 6 % de la population (aux États-Unis). Elle a été décrite pour la première fois dans les années 1970, notamment par Patrick Carnes dans son ouvrage Out of Shadows : understanding sexual addiction. Elle est aujourd’hui considérée comme une véritable addiction comportementale, avec des propositions de prises en charge au sein de services spécialisés.

Divers types de comportements sexuels peuvent servir de support à l’addiction sexuelle : masturbation compulsive, rapports sexuels anonymes ou tarifés, consultation de sites internet pornographiques, voyeurisme, séduction compulsive, sadomasochisme, fantasmes obsessionnels, etc. Les formes cliniques sont variées et dépendent également des fonctions psychiques que comblent ces comportements : dépression, régulation émotionnelle, difficultés conjugales, trouble de l’attachement…
 

Prévalence

Aux Etats-Unis l’addiction au sexe concernerait entre 3 et 6 % de la population. En France, il n’y a pas eu d’enquête menée pour le moment.

 

Comment savoir si l’on est dépendant sexuel ?

L’augmentation de la fréquence des rapports sexuels (hypersexualité) n’est pas forcément un signe d’addiction sexuelle. De la même façon, les normes sociales, culturelles ou religieuses peuvent influencer le diagnostic de dépendance sexuelle. Celui-ci est basé principalement sur la perte de contrôle sur le comportement et les conséquences négatives qu’il engendre.

Il existe un test reconnu pour dépister la présence d’une addiction sexuelle : le test de carnes en 25 questions, auxquelles il faut répondre par oui ou non. Il permet d’évaluer un comportement par rapport à une morale sexuelle dans une culture spécifique. Toutefois, chaque situation étant particulière, il est indispensable de consulter un professionnel pour établir un diagnostic personnalisé.

 

Les conséquences de la dépendance sexuelle

Le dépendant sexuel souffre de sa situation de dépendance et des effets négatifs qu’elle engendre. Les effets néfastes sont nombreux et varient en fonction de la personne, de son entourage et de l’origine de son comportement addictif : honte, dévalorisation, déni, anxiété, isolement, réalisation d’actes illégaux, conséquences conjugales, familiales, financières, physiques…

En effet, le dépendant sexuel souffre en général beaucoup du regard des autres et de celui de la société en général, ainsi que des nombreuses répercussions de son comportement au niveau de son couple et de sa famille. Cela peut le conduire à s’isoler et s’enfermer dans la honte, conduisant à un cercle vicieux : l’isolement et la honte alimentent ses sentiments dépressifs et le besoin d’assouvir ses pulsions. Pour atténuer ses sentiments négatifs et ses pulsions, il n’a d’autre choix que de recommencer un nouveau cycle, en augmentant progressivement la « dose », malgré les conséquences négatives toujours plus importantes.

 

Prise en charge

Les moyens thérapeutiques sont diversifiés et à adapter à chaque situation dans le cadre d’une prise en charge personnalisée, dans le but de permettre au patient de vivre à nouveau sans souffrance. Ainsi, il existe différents types de prise en charge thérapeutiques qui peuvent être proposés dans les centres d’addictologie (thérapies de couple, approche psychanalytique, thérapies cognito-comportementales, thérapie de pleine conscience…).

Parmi les stratégies proposées, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ont notamment démontré leur efficacité dans la prise en charge de ces troubles. Le thérapeute va travailler avec son patient sur l’analyse de sa pratique pour voir les déterminants de la conduite, repérer les situations à risque, apprendre à faire le lien entre situations à risque, pensées et émotions. Des comportements alternatifs sont encouragés (évitement, relaxation…). Enfin, une attention particulière est portée à la restructuration des pensées erronées. A Nantes, le service d’addictologie du CHU propose ce type de prise en charge TCC sous forme de groupe thérapeutique. (Trouver de l’aide - Annuaire des soins).

L'association DASA (Dépendants affectifs et sexuels anonymes) propose des groupes d'entraide dans certaines villes de France. Le traitement est basé sur les 12 étapes utilisé à l’origine par les Alcooliques anonymes (AA), adapté aux addictions sexuelles. Les objectifs du traitement sont axés sur l’arrêt ou la reprise de contrôle du comportement sexuel addictif et la mise en place de nouvelles stratégies d’adaptation. La « fraternité » DASA met l’accent sur la modération, le partage, le respect de soi et des autres (Lien vers le site Internet de DASA France).